Il est de ces hommes et de ces rencontres qui font des légendes.
En ce 9 Mai 1998, le Racing Club de Lens s’apprête à disputer son dernier match de la saison au stade Felix Bollaert Delelis.
Un match qui marque l’aboutissement d’une saison pleine. Riche en buts et en victoires pour le RCL. Un match décisif pour le titre final de champion de France. Pour la première fois de son histoire le Racing club de Lens peut remporter le graal et devenir champion.
Cette rencontre c’est l’histoire d’un groupe de 22 bonshommes ancrés dans la culture du Nord Pas de Calais pleine de générosité et de combativité. Ce groupe est emmené par un homme conquérant, exigeant et déterminé : DANIEL LECLERCQ surnommé le Grand Blond ou encore le Druide.
Un homme qui déjà en tant que joueur était impressionnant, imposant, avec sa crinière blonde si particulière. Un homme qui finalement aura su mettre en avant toutes ses compétences d’entraineur lors de cette fameuse saison 97-98 en distillant sa potion magique composée d’un savant mélange de de conseils techniques et tactiques.
Cette belle journée de Printemps 1998, c’est l’histoire d’un homme qui est tombé dans le football quand il était petit et qui a marqué toute une région de France.
Pour la rencontre de la 34ième journée de Championnat 1997-1998 le Racing Club de Lens se déplace à l’Abbé Deschamps. Ce match est décisif et crucial pour les Lensois. Bien qu’en tête du championnat le Racing peut perdre la première place s’il perd face à Auxerre et que dans le même laps de temps le FC Metz deuxième du championnat à l’époque l‘emporte face à l’Olympique Lyonnais.
Tout semblait bien débuter pour le RCL avec, dès la 10ième minute de la rencontre, le premier fait de jeu de la rencontre et le « but » de Vladimir Smicer. Celui-ci sera malheureusement refusé par l’arbitre de la rencontre monsieur Marc Batta.
Pour aggraver cela, quelques minutes plus tard, Sabri Lamouchi vient crucifier Guillaume Warmuz d’une frappe puissante et ouvre le score pour l’AJ Auxerre. Lens est mené 1 à 0. En parallèle le FC Metz vient d’inscrire son premier but face à l’Olympique et se retrouve virtuellement champion de France. Le racing est véritablement dos au mur.
Les Lensois se ruent dès lors vers l’attaque mais à la pause ils sont toujours menés malgré des tentatives vaines de Tony Vairelles et Phillipe Brunel. Quels sont les mots trouvés par Daniel Leclercq dans les vestiaires à la mi-temps nous ne le saurons sans doute jamais mais voilà désormais la destinée d’un homme dont les 45 prochaines minutes seront à jamais liées au palmarès du Racing.
Trouver les bons mots, les mots justes, les mots qui marquent, les mots qui rassurent, les mots qui piquent au vif, les mots qui galvanisent les troupes. Voilà ce qui faisait de Daniel un grand entraineur, si unique et si particulier.
Au retour des vestiaires le RCL revient plus déterminé que jamais, prêt à en découdre, les joueurs attaquant à nouveaux, driblant, avec un niveau d’engament tel que beaucoup finiront perclus de crampes.
Et puis soudain la délivrance intervient par l’intermédiaire de Yoan Lachor. A la 53ième minute, sur une passe de Frederic Déhu, celui-ci propulse le ballon dans les cages de Fabien Cool alors gardien de l’AJA.
Lens reprend à nouveau la tête dans un suspense insoutenable. A Lens, les habitants retiennent leur souffle, devant leur petit écran ou amassés sur l’écran géant de la ville. Dans les bars le silence est pesant, lourd, presque religieux.
A 21h46, l’arbitre siffle la fin du match et c’est tout un peuple Sang et Or qui exulte comme un seul homme. Pour la première fois de son histoire Lens est champion de France. Cette victoire c’est celle des gens du Nord, au grand coeur toujours là dans le malheur ou la joie. Ce 12ième homme si cher au Racing.
De retour à l’aéroport de Lille Lesquin c’est une foule en délire qui accueille les héros de la rencontre : de l’équipe aux encadrants techniques jusqu’à Gervais Martel alors président du club artésien. Exceptionnellement on fait réouvrir le stade Bollaert et vers 3h du matin plus de 40 000 personnes se réunissent dans l’enceinte.
Le lendemain, toute la ville est envahie par la liesse. Boulevard Basly à Lens, l’équipe entame sa longue traversée de la ville. Les Lensois défilent dans une benne elle-même reliée à un tracteur manoeuvré par Gervais Martel. Ils se dirigent vers la mairie et sont acclamés en demi-dieux par une foule compacte et joyeuse.
Même les politiques semblent impressionnés par ce cortège. Le Maire de Lens de l’époque monsieur André Delelis dira même : « Je n’ai jamais vu autant de monde dans Lens depuis la Libération ».
Ce match aura donc mis en exergue la détermination de tout un peuple uni dans la liesse de la victoire. Une détermination portée ainsi par Daniel qui pour l’anecdote n’a cessé d’haranguer ses hommes, durant ce dernier match face à Auxerre, même à un partout, afin de les pousser à se ruer en attaque encore et encore.
Voilà Daniel était un homme qui respirait football, qui pensait football et qui aura laissé une trace indélébile et inoubliable dans la tête de tous les lensois.
Joueur de talent, formateur, paternaliste, entraineur à succès, dirigeant exigeant, ami fidèle et amoureux inconditionnel du club, Daniel faisait partie de l’histoire et de la famille Sang et Or. Daniel était un homme qui ne pouvait laisser personne insensible, un homme de parole, un homme simple et complexe à la fois, un homme du Nord, un homme entier. Pour tout ce qu’il a pu apporter au racing nous lui disons merci, merci le grand blond, merci le druide, merci Daniel. Au nom de la famille du football français, repose en paix maintenant, homme au coeur Sang et Or.
De là-haut tu verras peut-être bientôt s’écrire une nouvelle page de l’histoire du club et une nouvelle accession du RCL parmi l’élite de la ligue 1 à l’issue de la saison 2019-2020.
Cet article est dédié à la mémoire de Daniel Leclercq, parti trop tôt, le 22/11/2019 à l’âge de 70 ans. Nos pensées vont à sa famille et à ses amis.
Liste des sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Saison_1997-1998_du_Racing_Club_de_Lens
https://livre.fnac.com/a10206719/Thierry-Morneau-Daniel-Leclercq-une-histoire-de-druide
https://www.facebook.com/watch/?v=2527091104242145